Une rencontre a été organisée, hier à l’hôtel Mercure, par Ubifrance, entre l'industrie pharmaceutique algérienne et française, avec le soutien des laboratoires Pierre Fabre et du cabinet Mazars Hadj Ali.
Ces échanges permettront aux entreprises des deux pays d’explorer les possibilités d’un partenariat pérenne et les modalités d’un transfert d’expertise. En marge de la rencontre, Alain Boutebel, directeur du bureau Ubifrance, a estimé que cette rencontre s'inscrit dans la nouvelle donne des relations bilatérales entre la France et l'Algérie. «En tant qu'entreprise qui a 80 bureaux à travers le monde, notre mission à Ubifrance est d'activer les relations entre les entreprises algériennes et françaises, dans l'optique d'une relation pérenne», a-t-il expliqué.
Selon lui, il y a une forte demande de l'industrie pharmaceutique en Algérie, et c'est pour cela que les entreprises françaises sont présentes, aujourd'hui, pour «écouter, échanger et essayer d’appuyer la demande des opérateurs algériens qui sont soucieux de répondre à cette demande», notamment, a-t-il ajouté, après la décision du gouvernement algérien de réduire l’importation et accroître la production locale. «Il y a nécessairement, de la part des producteurs algériens, un besoin de recherche en développement, un besoin de nouvelles technologies et de soutien technologique, qui ne peut venir, pour l’instant, que de l’étranger», a-t-il estimé. Pour l’évaluation de l’industrie pharmaceutique algérienne, Alain Boutebel a considéré que «c’est une jeune industrie», arguant qu’ils n’existent que 60 à 70 producteurs algériens, chose qui est insuffisante, selon lui. «Vous avez le champion Saïdal qui produit beaucoup, mais la demande est tellement forte qu’il faudrait que la production soit à sa hauteur. Or, aujourd’hui, certaines usines algériennes, la plupart, ont besoin de rehausser leur niveau technologique pour répondre aux normes de qualité», a-t-il souligné, en préconisant, en ce sens, la formation du personnel, l’amélioration de la recherche et le développement. Concernant les potentialités que détiennent les entreprises algériennes dans ce domaine, Nabil Mellah, président de l’Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP), considère que les opérateurs algériens «ont un grand potentiel de développement» et ce, en dépit du manque de soutien de l’Etat. «La plupart des entreprises algériennes ont développé un savoir-faire, et ont pu former leur personnel. Elle ont un grand potentiel de développement, pour peu que l’environnement dans lequel elles évoluent s’améliore», a-t-il expliqué. En ce sens, il a déploré l’environnement de l’industrie pharmaceutique qui selon lui, est «désastreux». «Je confirme le classement de l’Algérie, par le Doing business, à la 152e place, parce que la réglementation dans notre pays est dépassée, que ce soit par rapport au foncier ou aux banques. Elle est des plus défavorables à l’industrie, car nous somme sur une flexibilité zéro et une réactivité zéro aussi», a-t-il accusé. Il a préconisé l’assainissement du secteur en toute urgence pour permettre de «libérer» les énergies et aux entreprises de «réaliser» leurs projets. «Il faut revoir toute la réglementation, assainir le foncier et l’environnement bancaire», a-t-il conseillé. Cela dit, M. Mellah a défendu corps et âme la production locale de médicaments, en affirmant que bien que l’industrie algérienne dans ce domaine est récente, elle n’a rien a envié à l’Europe. «Nous avons des unités pharmaceutiques largement supérieures en matière de qualité que certaines unités européennes», a-t-il défendu, et d’ajouter : «Si certaines ne sont pas de bonne qualité, c’est à la réglementation de se mettre à niveau et instaurer des mécanismes de contrôle et d’inspection, car la réglementation ne sert à rien sans contrôle et ce dernier est le rôle d’un Etat fort». S’agissant des pénuries récurrentes des médicaments, le président de l’UNOP les a imputées à la réglementation. «Dans tous les pays du monde, l’environnement des médicaments jouit d’une réglementation pour parer à toutes les situations qui peuvent entraîner des pénuries, des mécanismes qui permettent l’anticipation, chose qui n’existe pas chez nous», a-t-il expliqué. «A chaque pénurie, nous sommes informés à la dernière minute et quant à la prise en charge, il n’y a pas de conduite bien définie pour y faire face, ce qui nous amène à improviser, chose qui entraîne les mauvaises décisions et la perte de temps.» Il réitéré son appel en préconisant d’urgence de mettre à niveau la réglementation pour parer à toute rupture de médicament, à l’avenir. Neuf entreprises françaises participeront à l’événement, auquel sont attendues des entreprises algériennes et des porteurs de projets des hôpitaux publics, des cliniques privées et du secteur pharmaceutique, entre autres, Fondis Bioritech : équipements et accessoires pour l’industrie pharmaceutique ; IMT : formation professionnelle dans le domaine pharmaceutique ; et Technip : ingénierie de la conception à la livraison, qualification d’unités pharmaceutiques.